À 92 ans, la Reine de la Nuit, personnalité voyante le jour, nous a quittés deux ans seulement après la mort de son frère cadet, Maurice Biedermann. Les vêtements de lumière, bijoux et boa resteront au placard, mais les hommages des orphelins de cette grande dame de cœur ne manqueront pas de pleuvoir. Nous n’avons certainement jamais su qui était Zoa, mais Régine, nous la connaissions bien. Et pour cause : patronne de clubs d’anthologie, chanteuse, copine de vedettes et stars entourées d’amis, homme d’affaires, acteur, candidate de télé-réalité, originaire d’Anderlecht, Parisiana et Tropézienne d’adoption et marraine de la jet set mondiale. depuis plus de six décennies, depuis l’ouverture de sa première boîte de nuit en 1956, Chez Régine, au cœur du quartier animé de Saint-Germain-des-Prés. Rares sont ceux qui se sont fait un petit nom sans avoir besoin d’un nom, et déjà le leur – celui d’une reine née : “regina”, en latin – est alors en haut de l’affiche – pour paraphraser un tube de Charles Aznavour, qui écrivait à lui quelques années après la chanson coquine Nounours (1965). Née le 26 décembre 1929 à Anderlecht, en Belgique, de parents juifs polonais revenus d’Argentine, Régine Zylberberg s’est rencontrée à Paris à l’âge de trois ans, mais après le retour de leur mère en Amérique latine, diverses pensions ont marqué son enfance et sa enfance. frère Maurice. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est dans le Sud, où elle reviendra plus tard (pendant les années de Nîmes…), lorsque son talent pour chanter et faire la fête se révèle, tandis que son père, joueur de légende, passe des nuits entières au Casino d’Aix. -en-Provence. Puis, à la fin de la guerre, il lui confie la direction du café qui s’ouvre à Paris et elle tombe amoureuse des sons et des danses du moment, directement outre-Atlantique. Sa fréquence sur la C Αte d’Azur, où elle travailla un temps comme vendeuse, ses stars en marche et ses clubs où il fait bon la voir, au début des années 1950, complèteront son profil de reine de la fête : en 1956 Naissance de la rue du Four à Paris Chez Régine, le premier des nombreux clubs de grande valeur qui conduirait au monde entier qui fut aussitôt surnommé “La Reine de la Nuit” (par Nîmes et ses soirées extravagantes à Cheval. Le Blanc Régine’s Hôtel, réalisé par Starck et Wimotte, à… New York, Miami, Rio de Janeiro, Istanbul, Kuala Lumpur…), selon les saisons et les modes. Jusqu’au milieu des années 2000, quand, à 70 ans, l’image de la nuit jet-set cesse ses activités. Chose qui ne l’a pas empêché, en 2009, de profiter d’une sorte de jubilé dans son club de la rue de Ponthieu, à deux pas des Champs Elysées, pour sortir un parfum et promouvoir un album en duo. délicieux, le duo de Régine. Car, pas plus que l’esprit de fête, l’amour pour la chanson née dans l’enfance et dédiée en 1967 par l’Académie Charles-Cros ne l’a jamais quittée, la menant sur les scènes les plus célèbres, de l’Olympia au Carnegie Hall, jusqu’à une tournée finale en 2016, et les invités de cette soirée pourraient sans aucun doute en être témoins encore aujourd’hui. Pour ses duos, 54 ans après Aznavour Nounours, Henri Salvador Forget Me et Gainsbourg Les P’tits, Régine a notamment offert un doux craquement de voix froissées avec Jane Birkin pour poursuivre Les P’tits Papiers de Serge, un sommet. avec Edouard Baer (Ouvre la bouche, ferme les yeux), bijoux coquins et sulfureux avec Bernard Lavilliers (L’Emmerdeuse) et Arthur H (Capone et sa petite Phyllis), soirée caviar avec Didier Wampas (La Grande Zoa) et Cali (J .’viens danser), et, à ne pas manquer, un I Will Survive revisité avec Julia Migenes. “On peut rêver, on peut rêver ce qu’on aimerait être”, chantait Régine dans Gueule de nuit, écrit par Barbara. Elle aura beaucoup. Dont l’actrice, entre Jean-Louis Trintignant et Romy Schneider dans Le Train de Pierre Granier-Deferre (1973), face aux Ripoux (1984) Philippe Noiret et Thierry Lhermitte pour Claude Zidi… Les plus jeunes ont même réussi à la découvrir sur le petit écran en 2005 dans le jeu de télé-réalité La Ferme Célébrités, auquel elle participe au profit de SOS Drug International, qu’elle avait fondé 20 ans plus tôt. On aurait pu la connaître même en 2006 comme comédienne de théâtre, si un infarctus ne l’avait empêchée de participer à une pièce de Laurent Ruquier. Régine était mère d’un fils, le grand journaliste honoraire Lionel Rotcage, issu de son premier mariage. En 2006, à l’âge de 58 ans, elle est diagnostiquée d’un cancer du poumon et dédie le livre À toi Lionel, mon fils (Flammarion) en 2010. Elle épouse Roger Choukroun en secondes noces en 1969, en présence d’un de ses amis de la première heure. .dit le loup blanc Chez Régine, Françoise Sagan. “Ne cherchez pas un mystère, je n’en ai pas. J’ai un bon caractère, mais vous n’êtes pas obligé, Ne poussez pas la grand-mère avec une erreur, ah”, a encore chanté Rezin, selon Barbara. Une blague très parisienne, un soleil très méridional, une énergie féria et l’aura d’une étoile planétaire : la Reine est morte, mais tant qu’ils l’aimeront, elle survivra. « On peut rêver, on peut rêver ce qu’on aimerait être, être, mais c’est faux, c’est réglé. C’est pas si mal peut-être, être Voici la fin de la journée, face à l’amour, c’est presque nuit, gueule de bois. une robe légère, je serai au travail, allez. » Et un whisky pour son boa.