Il y aura trois débats en mai, les seuls de la campagne électorale, et les candidats ont jusqu’au 3 juin pour vendre des cartes de membre. Qui arrêtera Pierre Poilievre? Bonne nouvelle pour le parti, ce combat ne passe pas complètement inaperçu, contrairement aux deux précédents. C’est surtout grâce à Pierre Polevre, qui attire les foules comme il n’en a pas vu chez les conservateurs depuis des temps immémoriaux. Et aussi Jean Charest, qui par sa seule présence, malgré le démarrage lent, lui donne de l’envergure. Cependant, Poilievre semble imbattable. Moins de gouvernement, moins d’impôts, un milieu libertaire saupoudré de populisme. La liberté comme cri de solidarité. La simplicité de son message résonne auprès des partisans conservateurs. Cela a l’avantage de donner une impression de cohérence. Développer des politiques spécifiques pour le Québec ou d’autres parties du pays est un exercice périlleux. Poilievre a réussi à jouer sur plusieurs fronts jusqu’à présent. Cet homme politique professionnel de 25 ans rage contre les élites et les médias dominants dans ses meetings, sans forcément grogner. La formule, jusqu’à présent, semble fonctionner et le protège dans une certaine mesure des rapprochements que l’on voudrait faire avec Donald Trump. Des semaines décisives La première discussion aura lieu ce jeudi à Ottawa. Jean Charest sera content. L’ancien premier ministre du Québec aura l’occasion de relancer sa course, qui jusqu’ici n’a pas provoqué les passions. Jean Charest a encore un peu d’appétit, mais après deux mois de cavale, il tente toujours de justifier son adhésion au parti qu’il disait ne plus reconnaître il y a deux ans. Il suffit de parcourir Twitter pour voir que M. Charest construit une personnalité politique de la manière difficile qui correspond le mieux à l’esprit du parti d’aujourd’hui. Certaines positions semblent contre nature, comme la fin de la taxe fédérale sur le carbone pour les particuliers. Curieuse politique quand on a présidé à l’implantation d’un système similaire dans sa propre province dans les années 2000. Comme Maxime Bernier? Jean Charest est honoré de mener une campagne classique qui respecte le rôle des médias traditionnels. Le politicien contre le démagogue Poilievre, qui dénonce la Banque du Canada, les journalistes et qui soutient le « convoi de la liberté » illégal. Il relie Poilievre à Maxime Bernier, qui sait aussi attirer les foules. Cela veut dire que Bernier est sur le point de remporter la course de 2017 et que fonder un parti politique national à partir de rien relève du miracle. D’ici le 3 juin, Jean Charest devra avoir signé des cartes de membre s’il veut changer le parti de l’intérieur. Il doit surtout espérer recueillir les votes des minorités culturelles ontariennes, flirtées par son fils spirituel, Patrick Brown. On saura quel bois chauffe M. Charest lors des débats malgré la lutte à moitié pleine. M. Charest aura du mal à faire passer Pierre Poilievre comme un dangereux extrémiste dans cette équipe. L’étonnant soutien à Poilievre du député québécois réaliste Pierre Paul-Hus, qui s’est prononcé contre l’escorte, ajoute une couche de respect. Cependant, M. Charest a besoin de tourner la page de son démarrage poussif, sinon de redonner un peu d’élan à ses militants devant le paquebot Poilievre.