Ancien voisin de cellule de Cédric Jubillar depuis plus d’un mois à la maison d’arrêt de Seysses près de Toulouse, “Marco”, faisait partie de ces informateurs qui ont su se tirer d’affaire en fournissant des informations aux enquêteurs ? La rapidité avec laquelle cet Ajaccien de 37 ans a été libéré pose question. “C’est très étrange, avec une telle responsabilité on ne peut pas éviter les questions”, admet un observateur judiciaire. Pour la première fois, les deux hommes se retrouveront face à face dans les bureaux de deux enquêteurs, Audrey Assemat et Coralyne Chartier, lors d’un affrontement inédit le jeudi 12 mai, comme l’a rapporté La Dépêche il y a quelques jours. Il appartient aux juges de revoir toutes les déclarations de ces deux hommes pour tenter d’en extraire une part de vérité, entre manipulation, intérêts personnels et récit mythologique.

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“Marco” renseigne sur le meurtre de Delphine Jubular

D’août à septembre 2021, Marco est le voisin de Cédric Jubillar soupçonné d’avoir tué sa femme, Delphine, une infirmière de 33 ans, disparue de Cagnac-les-Mines dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Son mari dit avoir est innocent, mais il l’aurait confié à son voisin, également détenu à l’isolement. Ce dernier vient d’être arrêté au Portugal avec un mandat d’arrêt international. Il a d’abord été transféré à la maison d’arrêt de Fresnes en région parisienne. Il a ensuite été placé dans une cellule de la maison d’arrêt de Seysses à la mi-août. Avant d’être placé en cellule à côté de Cédric Jubular. “Marco”, qui a déjà passé vingt ans derrière les barreaux pour des faits criminels, doit être jugé mi-novembre 2021, dans la prison de Toulouse, pour menaces de mort contre des détenus. Fin septembre, il a informé l’administration pénitentiaire qu’il détenait des informations sur le meurtre de Delphine Jubular. Une information recueillie, selon lui, par Cédric Jubillar, lors de leur conversation à travers les grilles de leur cellule. L’administration prévient les gendarmes et les enquêteurs écoutent, selon une procédure anonyme, le détenu “Marco” qui affirme avoir confiance dans le peintre plâtrier de 34 ans, pour le décès de sa femme. Il livre quelques faits considérés comme fiables par les chercheurs. Moins d’une semaine plus tard, début octobre, “Marco” sort de prison et va trouver Séverine, la nouvelle compagne du suspect numéro 1, pour lui demander de l’emmener jusqu’au corps de Delphine. Ils seront vus trois fois. A chaque fois, les gendarmes surveillent discrètement leurs échanges car ils pensent avoir de l’avance.

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Une mystérieuse voiture blanche

Cet ex-détenu, qualifié d’escroc malgré son lourd casier judiciaire, est peut-être la clé qui pourrait les aider à retrouver le corps de l’infirmière. Au coeur de ces prétendus témoignages à Marco se trouvait Cédric Jubillar faisant état d’une voiture blanche dans laquelle il avait transporté le corps de sa femme avant de l’enterrer dans une ferme en feu à Cagnac-les-Mines, sauf si à 5 km de leur domicile. Le scénario semble prendre forme. Et si Cédric Jubillar venait d’éclater en aveu du meurtre du seul compagnon de cellule de sa cellule qui avait gagné sa confiance ? Alors qu’il tentait de prouver aux gendarmes qu’il pouvait les conduire jusqu’au lieu d’inhumation, “Marco” comparaît mi-novembre, libre, devant ses juges pour répondre aux menaces de mort contre les gardiens. Il a été condamné à un an de prison sans mandat. Il laisse la cour libre. Il était confus quant à la condamnation quelques mois plus tôt pour les mêmes événements dans la même condamnation. La dernière sanction absorbe la première.

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Elle veut déterrer le corps de Séverine Jubillar

Il part en mission dans le Tarn. Début décembre, il trouve Séverine un peu plus obstinée à déterrer le corps de Delphine Jubular. Seule Séverine n’a jamais vu le corps de l’infirmière et lors de sa garde à vue le 15 décembre 2021, elle a témoigné de bonne foi devant les enquêteurs, prouvant qu’elle n’avait jamais participé à la disparition de Delphine Jubular, bien au contraire. que pourraient indiquer les certitudes recueillies par “Marco”, dont les diverses manœuvres dans cette affaire lui permettraient de quitter prématurément le milieu carcéral. La fameuse voiture blanche au centre du supposé nouveau scénario a été retrouvée. Il appartenait à un ami de Cédric Jubillar, un homme qui lui vendait du cannabis pour sa consommation personnelle. Les tests sanguins sur cette 306 Peugeot sont tous négatifs. Son propriétaire, qui est également entendu dans l’enquête, est acquitté. Quelques jours après cet épisode épique, Cédric Jubillar avoue dans une lettre qu’il a envoyée à Séverine depuis sa cellule “n’avoir rien dit à personne” et qu’il “est” par Marco.

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